La Pop culture de ces dernières années nous ferait presque retenir de Marie-Thérèse d’Autriche seulement l’image de la mère préoccupée du succès de sa fille Marie-Antoinette à consommer pleinement son mariage avec Louis XVI pour sceller définitivement l’union entre Autriche et France. Dans ces représentations cinématographiques forcément simplifiées, nous décelons malgré tout les indices des soucis et du sens de la politique dans cette souveraine qui aura mené l’empire d’Autriche pendant près de 40 ans.
Elisabeth Badinter nous propose une biographie des plus agréables à lire à la découverte des « trois corps du roi » en Marie-Thérèse d’Autriche. Elle a su incarner successivement ou simultanément, non sans dilemme ni difficulté, le corps physique et passager, le corps symbolique et immortel et le corps maternel et passionnel du Souverain pour devenir une femme d’Etat de premier plan dans l’Europe du 18ème siècle, ainsi qu’une souveraine respectée par ses peuples qu’elle a su conquérir par son sens du pouvoir et de la foi, ainsi que par son respect et sa dévotion maternelle à leur égard. 16 fois mère et toujours dirigeante pointilleuse et impliquée d’un empire sous la menace permanente d’une Prusse guerrière et honnie, l’Impératrice-reine s’est imposée à la tête de l’Etat. L’auteure décrit avec précision les relations entre la Reine et les hommes qui ont compté dans sa vie, entre devoir, amour et fidélité : son père qui fera pâle figure en comparaison à sa fille, son mari qu’elle aura toujours mis en avant malgré les limitations et les manquements bien trop nombreux et son fils et héritier qui aura su prendre de sa mère l’ambition et un certain sens de la politique, source d’incompréhensions, de compétition et de conflits.
Un livre donc pour celles et ceux que les grands dirigeants et le pouvoir passionnent.
La Défense dans la peau 